RANDO MULET

Récits de voyages et randonnées diverses avec un mulet:UN VRAI MULET

Un, Deux, Trois, SOLEIL : avec le mulet Mario. Deuxième épisode.

oeil de mulet
l'oeil de mario avec encore un peu de "Lagagne"

 

Adieu, adieu : sur l’air de ‘’rêve de Vienne’’

Après une nuit d’anxiété due à la santé de Mario et un petit déjeuner copieux pris en compagnie de Martine et d’Hubert, je me rends dans la cour du château de Cheverny où m’attend la marquise Constance de Vibraye qui avec des mots d’encouragement donne le signal du départ de ce voyage muletier vers Paris.

Déjà le premier bourg, Cour-Cheverny me semble bien long à traverser d’autant que le mulet, reniflant toutes les odeurs matinales des viennoiseries et de la terre humide des jardinières, ne cesse de traîner des pieds. Alors je chante un air familier : « Adieu, mon gentil petit officier, adieu, adieu, quand tu seras là-bas, ha ne m’oublie pas... » et lui, pendant ce refrain dodeline du bonnet!

Me fiant à mon sens de l’orientation plutôt qu’à mon oracle préféré, je veux dire mon Garmin, je me trompe de direction, je tourne en rond, je perds le nord pour enfin ne plus savoir où je suis. Perplexe, je réfléchis autant que mon mulet qui n’arrête pas de tirer sur la longe pour manger l’herbe du bas côté.

Lui, pense assis et moi, je réfléchis debout: c'est mieux ainsi!

Survient une auto dans cet endroit improbable, son conducteur m’indique la direction à prendre pour rejoindre Huisseau-sur-Cosson. Je parcours quelques centaines de mètres quand la même auto s’arrête de nouveau à mon coté. Après quelques présentations, je suis invité à venir boire un café en sa demeure situé à environ 1 km : C’est ainsi que je fais connaissance avec Béatrice et Alain qui après une bonne collation m’ont guidé sur le droit chemin.

Durant tout mon périple ils se sont souciés de moi et je les remercie.


 

Je suis un humain venu d’ailleurs

A Huisseau, vers 16 heures avant de retrouver mes amis je fais une mini halte devant l’école primaire. j’aperçois derrière les grilles beaucoup d’enfants qui interpellent Mario bruyamment. Ne souhaitant pas perturber le déroulement de ce que je pense être la fin de la classe je poursuis mon chemin vers la maison de Jean Claude et Michèle. Là, l’accueil est chaleureux et Mario est installé dans le jardin tandis que l’on me présente la chambre que Françoise la meilleure amie de ma sœur ainée me prête pour la nuit : Celle-ci adoptera pour un soir le canapé !

Mario est débasté dans la grange de Jean-Claude

Alors que sous le bel hangar charpenté je m’active pour nettoyer, ranger et classer les affaires du bât arrivent les voisins avec leur petite fille qui nous raconte qu’elle a vu depuis la cour de récréation «  un cheval avec un humain qui portait un drapeau jaune et bleu». Je suis bien aise d’être cet humain, mais je suis quand même un peu surpris qu’une petite fille me désigne comme un humain, (Ne suis-je pas une femme comme les autres?) ce qui n’est pas faux en soi mais qui dénote la distance entre l’instruction reçu à mes 8 ans et celle de maintenant. A l’époque, une petite fille aurait sûrement dit avoir vu « un homme, un monsieur », mais aujourd’hui pour des raisons que je subodore, la dictature du genre s’infiltre partout y compris à l’école et surtout dans les médias.


 

Mais où est donc passée ma chaussure droite ?

Juste après le village de saint-Dyé-sur-Loire, vers 13 heures je me suis arrêté en bord de Loire, sur l’ancien chemin de halage, sous un large platane afin de "casser une croûte". Oh ! pas un festin, seulement un peu de «choubine» pour poursuivre ma route. Je débâte en partie Mario et le laisse brouter puis me sentant peinard je retire mes chaussures et mets mes sandales. Au loin, venant du nord, j’entends parler et me penchant un peu vers l’eau je vois un groupe de gens tous vêtus en habits multicolores de randonneurs.

Rapidement je fais ranger Mario sur le coté amont afin que chacune et chacun puisse me croiser. Discussion, parlotte, échanges de trucs de marcheurs, puis ces promeneurs du troisième âge poursuivent leur promenade en se félicitant d’avoir rencontré un mulet.

Vue sur la Loire depuis le sentier.

En les voyant s’éloigner je me dis que je ferais bien moi aussi de lever le camp et de m’habiller. Impossible de trouver ma chaussure droite. Je cherche ici , derrière, dans les buissons, en contre-bas, dans mes sacs et sacoches, derrière les rochers mais je ne retrouve pas ce brodequin. Vite, je décide de rattraper à cloche-pied le troisième âge en me disant qu’un gentil petit farceur m’a fait une blague. Me ravisant, je reviens sur mon lieu de pique-nique pour me remettre à chercher, et enfin trouver la pépite taille 47 tant espérée. Celle-ci était, bien en évidence, trônant sur le bât de Mario ! Et lui, ne m’a rien dit ! Aloïs, lui au moins, aurait pu me venir en aide...

Si un jour, bien chaussés, vous passez par St-Dyé, n’hésitez pas à vagabonder dans les ruelles : c’est un village classé « petite cité de caractère ».

l'église de St Dyé avec son drapeau tricolore

Son église imposante, ses remparts et son enceinte rectangulaire, mais surtout son ancien port ayant servi au déchargement des « pierres de Bourré » nécessaires à la construction du château de Chambord ,vous séduiront.


 

 

 

Du très mauvais au meilleur.

En mois de mars, lorsqu’on a 20 ans, il est possible de camper. Au delà d’un âge certain, c’est plus difficile, c’est pourquoi pour ce voyage du 40.000° km, je me suis soucié de mes hébergements ainsi que des paddocks de Mario. Tantôt haltes sympathiques chez des amis, tantôt refuges dans des abbayes hospitalières, tantôt accueils chez des habitants bienveillants, tantôt des gîtes pèlerins ( je marche en partie sur la voie Turonensis) ou l’auberge de jeunesse ont été durant ce voyage mes conforts du soir. Aujourd’hui, je navigue entre Huisseau et Saint-Laurent-Nouan sur une longue étape qui n’en finit pas. Marchant pour une cause : celle de la recherche sur les cancers des jeunes, je m’arrête souvent pour répondre aux questions légitimes des gens que je rencontre ou bien discuter avec Irida cette hollandaise qui se rend à Compostelle à vélo ou bien encore avec Yann le breton qui fait du vélo pour digérer et faire baisser son taux de cholestérol. Il y a Théo ce kiné qui exerce à Bretonneau ou encore Elodie qui accouche bientôt : Mario tend le cou vers elle, sent et respire longuement son ventre sans pouvoir lui prédire le sexe de l’enfant à naître; souvenir extraordinaire que cette image d’un animal au regard si doux au contact de la maternité.

Pour ce soir j’ai réservé un box ou un paddock pour Mario dans un cente équestre. Le propriétaire a proposé de m’héberger dans une petite chambre sans confort mais dotée d’un lit avec possibilité d’une douche, « pour le prix , on verra ». Il me demandait alors de lui envoyer un petit topo sur mon action en lui confirmant ma venue par téléphone, enfin de le rappeler peu de temps avant mon arrivée. J’ai fait tout cela SAUF que j’ai oublié de le prévenir la vielle de ma venue chez lui. Lorsque qu’au bout de mes 25 km et diverses pérégrinations, après avoir un peu traîné en route, je suis arrivé au centre équestre vers 19 heures, le maître des lieux m’a aussitôt demandé de quitter immédiatement son écurie au motif que je n’avais pas confirmé la veille. Colère sur colère, agressivité sur insultes puis « vous pouvez partir, foutez-moi le camp... » Quelle étrange réception ! Que d’animosité ! Excuses de ma part de n’avoir pas téléphoné ce jour pour lui rappeler ma venue : rien n’y fait . « foutez-moi le camp ». Devant un tel comportement je renonce à le faire changer d’avis, ce qui augurerait une trop charmante soirée avec ce personnage. Sans dire un mot je décide de quitter ce lieu rempli d’ondes négatives et très désappointé je gravi avec Mario la grande allée de platanes qui mène vers la route. Lui et moi, avons les oreilles bien basses !

Mais où donc vais-je dormir ce soir ? Et Mario ? Cet individu m’a mis dans de sales draps, Il est tard, que faire ? J’ai bien repéré tout à l’heure à la sortie du bourg sur la D951 un arrêt bus ni trop propre, ni trop grand mais me permettant de dormir à l’abri, en chien de fusil. Il y a en face un espace herbeux bordant une aire de jeux pour y installer la clôture de Mario. Je suis bien triste, c’est bien la première fois que je rencontre une telle situation.

Morne plaine!

Je me dis aussi que ce gars-là aurait pu jouer le pire des affreux dans certains films de Fellini ou d’Ettore Scola.

Je suis encore bien dépité lorsque j’aperçois Sandra dans sa belle auto. Sandra me cherche depuis la fin de l’après-midi pour m’inviter, avec Eric son mari, à partager une coupe de champagne. Pourquoi est-elle là à ce moment où tout m’accable ? Pourquoi me cherche-elle ? Est-ce un miracle ?

Sandra , ma bonne fée.

En deux mots je lui raconte ma mésaventure. Aussitôt, elle prend son téléphone et contacte des amis qui gèrent un centre équestre. « Suivez moi, ce n’est pas loin, à peine 1 km ». Ça alors, je n’en reviens pas !

C’est ainsi que je fus sauvé à Saint Laurent-des-eaux ! C’est ainsi que je fus accueilli comme un prince à l’écurie gérée par Marine et Mathilde. A toute chose malheur est bon ! Après le champagne, je m’installais dans le gîte en construction mis gracieusement à ma disposition: glacial mais tellement chaleureux. C’est ainsi que je sais qu’il ne faut jamais désespérer.

La Loire

 

Jean, encore près du pré de BASFER.

LA SUITE PROCHAINEMENT.

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