RANDO MULET

Récits de voyages et randonnées diverses avec un mulet:UN VRAI MULET

En passant par la Vendée et les Charentes avec ses sabots !11

Résumé du chapitre précédent: Je fais connaissance avec le pont transbordeur et la ville de Tonnay-Charente.

 

Chapitre XI

La perte d’une sacoche.

caisse de bât
sacoche de bât dite "miam miam" jumelle de celle "Matos"(en 2015).

C’est une histoire incompréhensible. Alors que je me rapproche du pont suspendu de Tonnay-Charente, je fais une halte pour ajuster la bâche bleue de Mario: elle traîne presque par terre. Stupeur et effarement, une des caisses du bât n’est plus là. Elle a disparu : « je rêve, ce n’est pas vrai, j’hallucine, que se passe-t-il? qu’est-ce encore cette guigne qui me tombe dessus dans cette pernicieuse journée? » Je suis désemparé par la perte de cette caisse primordiale, puisque c’est le coffre des affaires du mulet: clôture, batterie, sacoche des soins divers, granulés d’appoint, cuvettes, pelle à crottin...Je n’arrive pas à me remémorer où cette caisse dite "Matos" a pu tomber, et pourquoi ? Peut-être ai-je oublié de serrer sa courroie lors de ma halte près de la boulangerie industrielle ce midi?

Mario le mulet bâté sur le sentier des maîtres sonneurs
Mario bâté léger sur le sentier des M°sonneurs en 2015(avec son poil d'hiver)

Ça y est, mon stress se transmet au mulet et voilà qu’il se met à danser en piaffant de l’antérieur, à valser en s’appuyant tour à tour sur ses postérieurs, en frottant fortement sa tête contre mon dos. Bon, il faut quoiqu’il en coûte (comme dit l’autre), éviter la cagade. il me faut rapidement respirer un grand coup et réfléchir. D’abord, rééquilibrer le bât qui glisse et tend à tourner? Ensuite, écarter calmement les badauds qui sont venus au spectacle et qui veulent absolument le caresser soit par la tête, soit par la croupe ce qui est beaucoup plus hasardeux en ce moment de tension. Le brave gars qui me suivait en vélo depuis un bon moment se propose de faire marche arrière pour essayer de retrouver la caisse. Un monsieur en voiture, s’arrête et demande ce qui se passe, puis satisfait il disparaît. Je me dis que cet automobiliste aura ainsi une belle histoire à raconter à sa chérie ce soir et cela remplacera peut-être le télé-crochet.

Non loin de moi, deux motards de la gendarmerie verbalisent un délinquant de la route.

M’approchant d’un motard avec prudence et Mario, je lui indique la perte de ma sacoche. Il me fait signe d’attendre la fin de son interpellation puis revient vers moi pour m’indiquer les numéros de téléphone du commissariat central de Rochefort. Merci monsieur le gendarme!

J’indique ainsi au fonctionnaire de service l’objet de mon appel et après avoir pris note de tous les détails, il m’indique qu’il me tiendra au courant si quelqu’un signale ou rapporte cet objet.

Comptant sur ma bonne étoile

laquelle est la bonne?

ou sur un miracle, sans toutefois me faire d’illusion, je me résigne à quitter ce bout de trottoir en espérant que peut-être ...? Et je me dis qu’il ne faut jamais désespérer, qu’il y a pire, qu’un incident plus grave, voire un accident aurait pu m’arriver.

Je discute, je discute ...et lui s'en fou!

C’est pour cela que je me suis mis à parler avec Mario en faisant quelques gestes afin qu’il me comprenne mieux, et c’est pour cela que des automobilistes ont ralenti en me dévisageant bizarrement. Ils pensent vraisemblablement que je suis un peu dingue, ce en quoi ils n’ont pas tout à fait tort et je me dis à voix basse « un dingue ne sait pas qu’il est dingue: donc je ne suis pas dingue !» c’est là, toute la différence entre la névrose et la psychose!

Le ptit homme goguenard n'en rate pas une!

 

_______________________________________________________________________________Réflexion en ce samedi 16 avril 2023 _________________________________________________________________

Envoi.

le temps s'en va, le temps s'en va, madame,-Las! le temps, non, mais nous nous en allons...

La lenteur a été célébrée a plusieurs reprises dans le livre « Au pas du mulet » car c’est bien cela dont il s’agit lorsqu’on marche à coté d’un mulet. Lorsque nous sommes en action, je trouve pourtant que nous « traçons » trop ardemment le chemin, mais tout est relatif, surtout en ce siècle de rapidité qui en oublie l’essentiel.

voyage avec un mulet en Maine et Loire

Marcher côte à côte avec un mulet, c’est aborder en cadence sabotière le paysage parfois parsemé de gens et souvent l’horizon se dévoile au-delà de l’espéré. Mario, parce qu’il est grand distingue facilement au loin ce qui ne peut être vu et aperçu par un Vulgum pecus qui bien souvent se contente de regarder au plus près dans ses pas comme il s'astreint à privilégier le présent dans sa tête.

Avec Mario, j’ai voyagé en partageant de concert nos inquiétudes, notre bonheur de se dépasser, nos craintes d’un mauvais passage, d’un chemin malaisé, d’un pont branlant, d’un escalier trop ardu, d’une tourbière secrète ou d’un temps de gueux exacerbé.

Avec Mario, on se parle peu, il brait en baillant et je chante en riposte. En marche solitaire, nous sommes un peu, beaucoup complices, à tel point qu’il sent par avance mes faiblesses et mes humeurs ! Il se saisit de mes joies et de mes peines et nous nous rassurons mutuellement lorsque survient un embarras.

Il y a aussi des jours où rien ne nous accorde et que nous entrons en malice l’un sur l’autre: Son indépendance reprenant le dessus il m’est alors très difficile de négocier avec lui une action de patron. Il me toise et s’enferme dans une attitude d'antagoniste immodéré m’obligeant à composer et à tenir compte de sa conviction. Les exemples de ces situations sont légions et souvent racontés dans mes différents voyages, mais je dois dire que grâce à notre avancée simultanée en âge, nos tempéraments s’harmonisent en annulant définitivement ces fâcheuses postures. (Le temps s'en va...)

Sans être outrecuidant et en irrespect avec la gente humaine, je me dis que le comportement d’un mulet est souvent proche de celui des hommes et des femmes, surtout de celles et ceux qui …. mais cela est une autre histoire !

La semaine prochaine nous traverserons le fameux pont suspendu en "ayant la joie" d'augmenter notre kilométrage.

Jean, depuis Thésée en loir-et-Cher,  le quinzième jour du quatrième mois de l'an 2023.

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