10 Mai 2012
Vendredi 11 mai
Partons vers 9h30. Ce matin, nous sommes, Jean comme moi, particulièrement lents, seule Yolande a trouvé rapidement son efficacité de croisière. Pour nous, tout est lourd, et peinons à porter et à nous déplacer… !!!Mais devons peser, équilibrer le bât, bâter, fermer la maison…..
La journée s’annonce très belle et quittons Rancillac par le bois de Pinatelle, où le très bon chemin du départ se termine en taillis….. Mais retrouvons le bon itinéraire peu avant la Boissonnière . Très belle vue sur le Plomb du Cantal enneigé, environnement boisé avec quelques lacs comme Le Sauvage, et ensuite traversée de grandes pâtures où cohabitent jonquilles et fleurs de pissenlits, gentianes naissantes et l’anémone pulsatille ; ouvertures et fermetures fréquentes de barrières dans les pâtures traversées, barrières souvent bricolées…
Peu avant notre pose casse croute, rencontre d’un couple de cavaliers qui préparent un itinéraire de rando pour l’été. Après être passés au dessus de Dienne, plongeons dans la vallée de la Santoire pour atteindre le village de Lavigerie .Bonne mise en jambe de 23 km, et nous sommes accueillis par Monique, Odette et Roger qui vivent leur retraite dans ce magnifique cirque du Puy Mary, un coup de foudre du temps où ils séjournaient sur Paris !!!!
Très bonne soirée autour d’une raclette de cantal et saint nectaire, et très bonne nuit.
les cavaliers
Anémones pulsatilles
Vue sur Dienne
Samedi 12 mai
BEN nous fait 36, on pense à lui… !!!
L’orage gronde et le ciel menace grave. Avons tous très bien dormi, Jean au premier et Yo et moi, dans une petite chambre aménagée au second, avec vue sur « la brèche de Roland » (sans doute la vraie.. !!!!)
Vers 7 h, c’est le déluge. Cela nous conduit à prendre notre temps, d’autant plus qu’aujourd’hui l’étape vers Le Claux est relativement courte. Couvrons le bât avec la grosse bâche, temps trop incertain et Roger nous aide à la manœuvre.
10H30, départ (horaire vraiment inhabituel), direction le col de Serre, par la route, mais très peu de circulation car l’accès au Pas de Peyrol est fermé, route coupée par les dernières chutes de neige. Les nuages sont toujours très accrochés aux reliefs.
Le col de Serre atteint, Yolande nous propose un café avec chocolat, son thermo ne la quittant jamais. Rencontre avec Mike, un anglais solitaire, venu de Bellac ; a dormi sur place et finit aujourd’hui le tour du cirque du Puy Mary par les crêtes.
Descente vers Le Claux par un très beau sentier dans la forêt.
Noel , l’homme au quad que nous croisons, nous donne des précisions sur le gite des Enchaniers que nous cherchons ; parlons également de ses vaches et des chevaux que les anciens utilisaient , alors que les jeunes ne savent même pas monter de nos jours , d’où l’utilisation du quad. Jean évoque ses ennuis avec Mario…… » Tu aurais dû être froid…. !!! » dit Noël compatissant.
Le gîte est dans le jus des années 70, un peu spartiate, la commune ayant le projet d’une restauration prochaine. Le partageons avec un groupe d’ados venus du Puy pour un stage de parapente. Pour Mario, devons refaire la clôture le long du ruisseau.
Soirée resto, très bonne truffade.
Autour du cantou
Vers le col de Serre
"
"tu aurais dû être froid!"
Dimanche 13 mai
Grande décision ce matin, à notre réveil : nous modifions notre tour initialement prévu : nous n’irons ni au Falgoux, ni au Faux : il est, en effet, plus sage de revoir notre programme à la baisse et de ne pas s’engager sur un circuit où il serait difficile ou trop long de revenir, si problème .Jean se ressent toujours de son accident de départ, même si…. « Ça va se résorber !!! …. » Mais, nous ne resterons pas inactifs et mettrons à profit ces journées pour randonner aux alentours du Claux.
Aussi, dès 9 h, départ sur le GR400, vers les crêtes de Ricou la Mouche, Mario étant bâté léger .Montons au travers des estives, avec passage en foret pour arriver sur un plateau où quelques fermes isolées exploitent encore champs et pâturages ; Brin de causette avec Mélanie, septuagénaire vivant seule et présentant quelque troubles de mémoire…..
De nombreuses pistes de ski de fond sillonnent le bois de Bragouse. Le GR 400 les emprunte et nous atteignons le haut de la crête, à 1509 m : très beau point de vue sur Le Falgoux, mais la bise froide et coupante qui balaie la montagne ne nous permet pas de rester bien longtemps pour admirer ce splendide paysage.
Retour au Claux par l’étang de Lescaut : un cheval broute dans l’eau, et, le Puy Mary, enneigé, veille sur la vallée.
Dinons ce soir, tous les trois, dans le gîte désert.
Brin de causette avec Mélanie,avec à l'horizon les crêtes de Ricou la Mouche!!!
cheval broutant dans l'eau
Lundi 14 mai 2012
Et, pour Mario, « le premier jour du reste de sa vie …… »
Cette journée sera, pour beaucoup, sans encombre. Pour certains, reprise du travail « comme un lundi », et pour nous un bâtage, dès 9 h, sans problème. Et déjà un premier arrêt, à peine le gîte quitté, pour discuter avec Fernand, fermier à la retraite ; C’est Damien, son fils qui reprend la ferme et les bêtes. Parlons mulet bien entendu, mais aussi des chevaux, car nous nous sommes étonnés d’avoir vu, la veille, une pouliche morte en bordure de champ :
« Il y a bien, par chez nous, des paysans polissons qui malmènent leurs bêtes.. » nous dit il.
La petite route s’élève très vite au dessus du village et devient une belle piste forestière qui nous conduira au point 1538, une aire de départ de saut en parapente .L’endroit n’a pas été choisi par hasard : il permet en effet, en fonction des conditions, de sauter soit vers la vallée du Claux, soit vers la vallée de Dienne.
Yolande explique la neige à Mario
Avec Fernand
Depart de parapente
Un ptit air de Mongolie
Nous cheminons maintenant sur un vaste plateau , ambiance de Mongolie , avec herbe rase et dure ,névés alimentant de petits rus serpentant entre vallons et burons en ruine…Passons à la borne 1620 délimitant le Puy de Niermont , et peu après , alors que nous amorçons la descente sur le GR 4 rejoint , devons emprunter un sentier très étroit et assez pentu avec, en contre bas , un chaos de gros rochers .Jean mène la marche , Mario , derrière , choisissant , avec prudence son propre chemin……….ET C’EST LA QUE TOUT BASCULE……..
Une pierre , minée sans doute par la pluie et la neige, se dérobe sous le poids de Mario et le voila qui tente désespérément de retrouver ses appuis sur le chemin aves ses deux antérieurs Mais c’est en vain , je le vois, entrainé par son poids et la charge , tomber en arrière….Je crie à Jean de lâcher la longe et nous assistons à sa chute , cul par-dessus tête , suivi de deux roulades sur côté pour s’arrêter 20 m plus bas , sur les rochers , où il s’encastre et s’immobilise. Cela n’a duré que quelques secondes, et dans nos têtes, tout a déjà basculé…… !!!!!!
Nous nous précipitons alors afin de le dégager au plus vite des sangles qui l’entravent. Pour l’instant, il ne bouge pas : est il sonné ou……Jean pense au pire et dira même tout haut « : il va falloir le piquer. »Trois des pieds sont bloqués par des rochers : nous nous efforçons d’enlever les blocs qui gênent , ainsi que la sous ventrière , le bât , le reculement , les équerres, les caisses….tout ce qui peut gêner un premier examen……Nos gestes sont précis et rapides …..Un grand coup de tête, et voila Jean déséquilibré et qui se cogne violement sur un rocher……Mario se réveille- t- il ou vit-on ses derniers spasmes… ??????Difficile de dire combien de temps il est resté K.O.:entre 5 et 10 minutes,?…
Parlons doucement, afin de le calmer.
Et c’est incroyable, car le voila qui se relève, tout tremblant, mais incroyablement calme, sa queue battant les flans, et il suit, docile, Jean vers un replat herbeux.
Venons de vivre un sale moment, aux conséquences inimaginables : la Providence est avec nous et Super Mario a vraiment la baraka
Après une petite heure de récupération, où nous l’examinons sur toutes les coutures, où nous refaisons le film du drame, où nous visionnons les photos prises par Yolande avant et après la chute, …. Ou nous regardons de près le matériel : bât légèrement tordu, équerres nickel, caisses légèrement écornées et sans aucune casse, les fillettes de Pont Saint Martin (Pessac Léognan)ayant résisté au choc …..…nous rebâtons pour rentrer au gîte, et, incroyable, tout se passe comme si rien ne s’était produit….Aucune marque d’impatience, de gêne de la part de Mario, et amorçons notre descente le cœur léger malgré une nouvelle galère pour trouver le bon chemin qui va sur Le Claux .
Avons eu beaucoup de chance, c’est rien de le dire : le pas de Mario est régulier, il ne boite pas, ne saigne de nulle part et lors d’un arrêt pipi, constatons avec joie que les urines sont claires.. !!! Une fois le bon chemin retrouvé, nous enfreignons à plusieurs reprises la règle du « pas de nourriture pendant le travail » : et nous lui offrons donc de jeunes pousses de hêtres ou de belles touffes de pissenlits en fleur….Une bien belle descente !!!!!
Avons bien mérité notre soirée resto, et le steak de sallers - truffade est excellent.
Tout bascule
Mario se relève Vers le plat herbeux: on s'écoute!
Mardi 15 mai
Avons tous passé une très bonne nuit, et Mario ne semble pas souffrir de sa chute de la veille, en dehors d’un dérèglement intestinal….mettons cela sur le stress et l’herbe grasse et froide. Le gîte est rangé, et, après avoir salué Hélène, sœur de Damien, animatrice de la Maison de la Montagne, partons pour le buron d’Eylac.
En sortant du Claux, passons devant la ferme de Noël et nouvel arrêt : on reparle d’élevage. Apprendrons trois jours plus tard, en arrivant à Rancillac, que Noël « vivrait avec une jeune africaine qu’il aurait fait venir du pays…! » Cela me rappelle ce film, avec Michel Blanc dans le rôle du paysan à la recherche de l’âme sœur.
Montons dans le bois Mary, le temps est toujours frais et la route forestière nous paraît, pour l’instant, facile. ………Après 3 heures de marche, nous déchantons : la piste est complètement défoncée, suite à l’exploitation par l’ONF d’une coupe de hêtres, et il tombe une pluie fine. Cerise sur le gâteau, devons à maintes reprises nous dégager un passage car les bucherons ont laissé les fûts en travers du chemin, ébranchés sur place mais non dégagés. Après plusieurs tentatives, Yolande nous convint de revenir sur nos pas et de prendre la route du col de Serre. Sur une aire de stockage, rencontrons
« Stallone le forestier » en pleine activité avec sa grosse pince à grumes : impressionnant.
Et nous montons, nous montons, dans le vent et le froid pour arriver au buron d’Eylac vers 16 h : supportons nos bonnets et nos gants.
Le buron : petite construction au toit arrondi, destiné à abriter les bergers en estive : le sol est recouvert de grosses dalles de pierre, pas de fenêtre, mais une cheminée en coin de voute. La Maison de la Montagne nous a monté du bois et des bidons d’eau. Les couchages se trouvent dans une autre pièce, accessible par l’extérieur, avec deux grands bas flans et literie (peu engageante, il vaut mieux dormir dans son duvet.) Pour les commodités, c’est dehors, derrière les rochers.Une fois le feu allumé, nous nous organisons pour cette soirée peu habituelle
La nuit est très froide et le vent soufflera jusqu’à l’aube ; par moment, j’entends le givre piqueter le toit de notre dortoir et Mario doit se les geler…. !!!!. de temps à autre, son grelot tintinnabule….
Le chemin encombré
Aire de dédardage
Le buron
"Dans la salle de lecture"
Mercredi 16 mai
6h : lever. Je réactive le feu dans la cheminée et prépare le thé. Mario « fume « au soleil levant et je casse la glace dans son seau afin de lui donner sa ration de granulés. Malgré cette nuit froide, notre cher mulet ne semble pas affecté par les conditions climatiques …..
Descendons du buron jusqu’au col de Serre, accompagnés par une petite troupe de juments franc-comtoises et de leurs poulains.
Sur le chemin, rencontre de 2 sympathiques Alsaciens, hilares et prolixes : Jean Luc et Francis. Parlons circuits , points de vue , ….., Brèche de Rolland , crête de Ricou la Mouche, mais Francis , le plus bavard , connaît surtout Dodo la Saumure.. !!!!
Arrivée à Lavigerie chez madame Grapin qui nous permet de casser la croute dans son bar. Nous raconte sa vie, pas toujours facile… !!..
Soirée chez les Guillot autour d’une savoureuse truffade maison, accompagnée de saucisses, fabrication Roger : on finit tout….et Roger nous parle longuement de son engagement dans la marine, de ses voyages effectués pour le compte de « la Transat « ou des Chargeurs….Un grand moment de convivialité
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Jeudi 17 mai, notre dernier jour.
Grand beau, mais toujours frais.☼
Tous nos amis sont au départ : Roger, Monique, Odette et même Faray , arrivé la veille au soir de Paris pour le we. Les adieux sont, comme à l’accoutumée, rapides, mais plein de chaleur.
Nous passerons, comme à l’aller, nos 13 barrières, et c’est en refermant l’une d’entre elles, que je casse le haut du piquet pourri qui vient cogner la tête de Jean : mais rien de grave :
« ça va se résorber…… !!!!! »
Avant d’arriver à Rancillac, en plein bois de Pinatelle, rencontre de Pierre, natif du Claux, arborant une très belle paire de bretelles fleuries d’edelweiss, paire achetée en Autriche. Nous évoquerons avec lui toutes nos connaissances de son village natal, Noël entre autres ….
Et c’est donc la fin de notre balade, avec notre arrivée chez Mimie et Manu, qui nous accueillent avec l’amie Denise, la Bretonne. La soirée se passe à raconter nos es péripéties et à évoquer nos projets :
Un bout du canal du Midi ?????
Ou, pour Mario, la perspective de passer ses deux bacs, …..En Gironde ?????
Ou la partie gersoise du Chemin de Saint Jacques ????
ou pour Jean, cette marche « utile, » en solitaire , avec l’Association Etoile de Martin , prévue en septembre et qui ralliera le Zoo Parc de Beauval à saint Aignan, en Loir et Cher , à l'institut Gustave Roussy/Villejuif dans le val de Marne. Et la toute prochaine, en juillet, sur le canal de Nantes à Brest .. Les idées ne manquent vraiment pas.
Mario au soleil levant Odette et son Boufadou
Avec Pierre ,natif du claux
Une bricole ,chez Manu,avant de repartir
Alors, à très bientôt, pour d’autres aventures
AVEC
Mario Jean Yolande et Bernard